A l'aube du crépuscule... [Pv Dark Side]

Les ténèbres et le silence. C'est les premières choses qui me frappent, à mon éveille. Puis un sentiment nouveau, oppressant comme un étau, étouffante et suffocant, qui semble lécher ma conscience comme une présence sournoise. S'amusant à mes dépens. Vicieusement, elle me fait douter de mon existence, jusqu'à ce que quelque chose m’étouffe, et que je prenne conscience des ténèbres qui envahisse le lac, essayant de m'aspirer.
La peur.

Terrifié par l'obscurité qui m'enserre dans les eaux assombris par la nuit, je me mets à rayonné plus fort que nécessaire, alors que mon corps féerique commence doucement à reprendre de la contenance, ma magie de nouveau complète, je peux enfin le reconstruire. Je sens mes bras reprendre force, mes jambes se ciseler, mes pieds se poser sur le sol rocailleux du fond du lac, tendis que j'observe mes mains ouvertes réapparaître, doigts après doigts. Voila plus d'un millénaire que j'attends ce moment. Qui peut comprendre la joie sourde qui m'envahit alors que je quitte enfin ma prison? Libre. De nouveau.

Dans une gerbe de lumière bleuté, je quitte les eaux du lac, me posant à sa surface, ailes déployées, pour un instant encore. Observant les lieux qui ont bien changés, je prends une grande respiration, mais l'air n'a plus rien de pur ou d’agréable. L’oppression est toujours là, et tout ici semble chargés de peur et de ténèbres. Je ne comprends pas, que c'est-il donc passé, pendant mon sommeil? Regardant vers le ciel, je ne vois pas mon amie la lune, ensevelie par une épaisse couche de nuage, pour illuminer cette nuit bien noire. Quelle dommage qu'elle ne soit pas là pour assister mon éveil, elle qui protégea toutes les nuits d'un millénaire sur ma léthargie imposée. Mes ailes s'évaporent, et avec elle, la lumière qui chassait l'obscurité, ne laissant qu'un faible éclat étincelant sur ma peau, seulement visible quant aucune autre lumière ne m'offre ses rayons.
Alors, tout redevint ténèbres et silence.

C'est a peine si mes pieds frôlent l'eau que je foule, alors que j'avance pour retourner à la terre ferme, sans me presser, prenant le temps d’apprécier chaque mouvement que je fais, de regarder chacun de mes pieds se poser avec émerveillement. A chaque pas, mes cheveux semblent flotter doucement, comme emportés par une brise, découvrant par moment la peau pale mon corps. Je n'ai aucun vêtement, rien de réellement étonnant, puisque je viens à peine de renaître. Par chance, la pudeur est une notion que je ne comprends pas très bien, aussi, je ne me sens pas gênée par ma tenue d'Eve. A plusieurs reprises, par le passé, je m’étais vêtue sur la demande d'humains qui trouvaient ma façon d'être ''gênant'', mais au naturel, ma seule parure était mon épaisse chevelure vaporeuse, m'arrivant bien assez bas pour cacher tout ce qu'il était nécessaire de ne pas voir.
Pourquoi donc les humains veulent-ils a ce point couvrir leur peau? Ont-ils honte de ce qu'ils sont?

A peine mes pieds peuvent-ils sentir la terre sous eux, que je cesse de marcher. Ou aller, maintenant? Toujours la même question. Il est difficile pour une exilée, sans fontaine ni ''maison'' ou rentrer, de savoir ou aller. De plus, je ne connais plus rien. Toutes les parties de moi qui avaient été enfermés, s’étaient bien souvent retrouvé au fin fond d'une veille armoire, ou caché dans un coffre. Aussi n'y a-il rien d'étonnant à ce que je me sente étrangère à ce monde, maintenant de nouveau libre. Puisque je n'ai nulle part ou aller, je n'ai pour l'instant aucune raison de partir, non?
Pour seule réponse à ma question, la lune quitte pendant un instant son épais manteau, laissant sa lumière dissiper un instant les ténèbres qui m'entourent. Décidée à attendre un signe du destin pour agir, je me pose sans un mot dans l'herbe devenue humide par la tombée de la nuit, admirant la lune qui se reflète sur le miroir aquatique du lac. Magnifique, c'est le premier mot qui me vint en tête...
J'aurais pu rester à l'admirer ainsi jusqu'à l'aube, si quelqu'un n’était pas venu couper mon admiration...

Une présence. Sombre. Je ne la vois pas encore, mais je la sens. Non loin d'ici. Malgré le danger potentiel qu'elle représente, je ne prends pas la peine de m'alerter, ni de fuir. Je suis sereine, comme devrait l'être n’importe quelle reine des fées, quand bien même se titre n'est plus le mien. Je reste assise, alors qu'elle approche du lac Hylia, et qu'au fond de moi, ma curiosité semble s’éveiller, à son tour.
Est-ce là mon destin?